miércoles, octubre 22, 2008

raymond queneau

La machine à fabriquer
Cent mille milliards de poèmes !

Vers 01 Le roi de la pampa retourne sa chemiseLe cheval Parthénon s'énerve sur sa friseLe vieux marin breton de tabac prit sa priseC'était à cinq o'clock qu'il sortait la marquiseDu jeune avantageux la nymphe était épriseIl se penche il voudrait attraper sa valiseQuand l'un avecque l'autre aussitôt sympathiseLorsqu'un jour exalté l'aède prosaïseLe marbre pour l'acide est une friandiseLorsque tout est fini lorsque l'on agoniseVers 02 pour la mettre à sécher aux cornes des taureauxdepuis que lord Elgin négligea ses naseauxpour du fin fond du nez exciter les arceauxpour consommer un thé puis des petits gâteauxsnob un peu sur les bords des bords fondamenteauxque convoitait c'est sûr une horde d'escrocsse faire il pourrait bien que ce soit des jumeauxpour déplaire au profane aussi bien qu'aux idiotsd'aucuns par-dessus tout prisent les escargotslorsque le marbrier astique nos tombeauxVers 03 le cornédbîf en boîte empeste la remisele Turc de ce temps-là pataugeait dans sa crisesur l'antique bahut il choisit sa cerisele chauffeur indigène attendait dans la briseune toge il portait qui n'était pas de miseil se penche et alors à sa grande surprisela découverte alors voilà qui traumatisela critique lucide aperçoit ce qu'il visesur la place un forain de feu se gargarisedes êtres indécis vous parlent sans franchiseVers 04 et fermentent de même et les cuirs et les peauxil chantait tout de même oui mais il chantait fauxil n'avait droit qu'à une et le jour des Rameauxelle soufflait bien fort par-dessus les côteauxdes narcisses on cueille ou bien on est des veauxil ne trouve aussi sec qu'un sac de vieux fayotson espère toujours être de vrais normauxil donne à la tribu des cris aux sens nouveauxqui sait si le requin boulotte les turbots?et tout vient signifier la fin des haricots
Vers 05 Je me souviens encor de cette heure exeuquiseLe cheval Parthénon s'énerve sur sa friseSouvenez-vous amis de ces îles de FriseOn était bien surpris par cette plaine griseQuand on prend des photos de cette tour de PiseIl déplore il déplore une telle mainmiseEt pourtant c'était lui le frère de feintiseL'un et l'autre a raison non la foule insoumiseDu voisin Papou suçote l'apophyseOn vous fait devenir une orde marchandiseVers 06 les gauchos dans la plaine agitaient leurs drapeauxdu climat londonien où s'ébattent les beauxoù venaient par milliers s'échouer les harenceauxquand se carbonisait la fureur des châteauxd'où Galilée jadis jeta ses petits potsqui se plaît à flouer de pauvres provinciauxqui clochard devenant jetait ses oripeauxle vulgaire s'entête à vouloir des vers beauxque n'a pas dévoré la horde des mulots?on prépare la route aux penseurs sépulcrauxVers 07 nous avions aussi froid que nus sur la banquiseil grelottait le pauvre au bord de la Tamisenous regrettions un peu ce tas de marchandiseun audacieux baron empoche toute accised'un étrusque inscription la pierre était incisealler à la grande ville est bien une entrepriseun frère même bas est la part indécisel'un et l'autre ont raison non la foule imprécisele gourmet en salade avale la cytisede la mort on vous greffe une orde bâtardiseVers 08 lorsque pour nous distraire y plantions nos tréteauxquand les grêlons fin de mars mitraillent les bateauxlorsqu'on voyait au loin flamber les arbrisseauxlorsque vient le pompier avec ses grandes eauxles Grecs et les Romains en vain cherchent leurs motselle effraie le Berry comme les Morvandiauxque les parents féconds offrent aux purs berceauxà tous n'est pas donné d'aimer les chocs verbauxl'enfant pur aux yeux bleus aime les berlingotsla mite a grignoté tissus os et rideaux
Vers 09 Du pôle à Rosario fait une belle trotteLa Grèce de Platon à coup sûr n'est point sotteOn sèche le poisson dorade ou molve lotteDu Gange au Malabar le lord anglais zozotteL'esprit souffle et resouffle au-dessus de la botteDevant la boue urbaine on retrousse sa cotteLe généalogiste observe leur bouillotteLe poète inspiré n'est point un polyglotteLe loup est amateur de coq et de cocotteLe brave a beau crier ah cré nom saperloppeVers 10 aventures on eut qui s'y pique s'y frotteon comptait les esprits acérés à la hotteon sale le requin on fume à l'échalottecomme à Chandernagor le manant sent la crottele touriste à Florence ignoble charibotteon gifle le marmot qui plonge sa menottegratter le parchemin deviendra sa marotteune langue suffit pour emplir sa cagnottele chat fait un festin de têtes de linottele lâche peut arguer de sa mine pâlotteVers 11 lorsqu'on boit du maté l'on devient argentinlorsque Socrate mort passait pour un lutinlorsqu'on revient au port en essuyant un grainle colonel s'éponge un blason dans la mainl'autocar écrabouille un peu d'esprit latinlorsqu'il voit la gadoue il cherche le purinil voudra retrouver le germe adultérinmême s'il prend son sel au celte c'est son bienle chemin vicinal se nourrit de crotinles croque-morts sont là pour se mettre au turbin
Vers 12 L'Amérique du Sud séduit les équivoquesSa sculpture est illustre et dans le fond des coquesEnfin on vend le tout homards et salicoquesNe fallait pas si loin agiter ses breloquesLes rapports transalpins sont-ils biunivoques?On regrette à la fin les agrestes bicoquesFrère je te comprends si parfois tu débloquesBarde que tu me plais toujours tu soliloquesOn a bu du pinard à toutes les époquesCela considérant ô lecteur tu suffoquesVers 13 exaltent l'espagnol les oreilles baroqueson transporte et le marbre et débris et défroqueson s'excuse il n'y a ni baleines ni phoquesles Indes ont assez sans ça de pendeloquesles banquiers d'Avignon changent-ils les baïoques?on mettait sans façon ses plus infectes loquesfrère je t'absoudrai si tu m'emberlucoquestu me stupéfies plus que tous les ventriloquesgrignoter des bretzels distrait bien des colloquescomptant tes abattis lecteur tu te disloquesVers 14 si la cloche se tait et son terlintintinsi l'Europe le veut l'Europe ou son destinle mammifère est roi nous sommes son cousinl'écu de vair ou d'or ne dure qu'un matinle Beaune et le Chianti sont-ils le même vin?mais on n'aurait pas vu le métropolitainla gémellité vraie accuse son destinle métromane à force incarne le devinmais rien ne vaut grillé le morceau de boudintoute chose pourtant doit avoir une fin




Le roi de la pampa retourne sa chemise
pour consommer un thé puis des petits gâteaux
le cornédbîf en boîte empeste la remise
et fermentent de même et les cuirs et les peaux

Quand on prend des photos de cette tour de Pise
les gauchos dans la plaine agitaient leurs drapeaux
aller à la grande ville est bien une entreprise
la mite a grignoté tissus os et rideaux

Du pôle à Rosario fait une belle trotte
aventures on eut qui s'y pique s'y frotte
lorsqu'on boit du maté l'on devient argentin

L'Amérique du Sud séduit les équivoques
exaltent l'espagnol les oreilles baroque
toute chose pourtant doit avoir une fin

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